Rencontre avec l’artiste française Hélène Delprat dont la pratique polymorphe interroge depuis quatre décennies la condition humaine, la vie et la mort à travers un corpus qui se décline en peinture, dessin, photographie, sculpture, vidéo, théâtre, interviews et installations. Ses créations, qui oscillent entre fiction et documentaire, humour et mélancolie, composent une constellation tentaculaire où se croisent des références à la littérature, au cinéma, à la radio, à la philosophie, aux bases de données Internet, aux récits nationaux archivés et aux canons de l’histoire de l’art.

Après avoir rencontré le succès dans les années 1980 et 1990 avec une peinture figurative au style primitif distinctif, Delprat se tourne vers la vidéo, le théâtre, les installations et les créations radiophoniques. À la fin des années 2000, elle revient à sa pratique picturale, nourrie désormais par un travail de recherche encyclopédique destiné à compiler des archives formidables de sources hétéroclites qu’elle conserve sur divers supports, dont son blog « Days », dans lequel elle recueille images et écrits. 

  

Nous avons rencontré l’artiste, avant sa première exposition avec Hauser & Wirth Paris programmée en janvier 2024, dans son atelier situé dans une ancienne gare de triage à Argenteuil, ‘où il n’y a aucune tentation extérieure.  C’est-à-dire que quand je suis là, j’y reste pour travailler.’ 

Hélène Delprat dans son atelier parisien, 2023

Hélène Delprat, L'apparition, 2023 © Hélène Delprat, ADAGP, Paris, 2023. Photo: Rebecca Fanuele

À propos de son processus
Matériellement, je ne pars de rien, mais intellectuellement, je pars de tout ce que je vois, de toutes les images que je vois, des bases de données que je consulte sur Internet, je fais des collections d'images, j'imprime des images, mais il n'y a pas, si vous voulez, pour des peintures, même des très grandes peintures, je-je commence, je ne sais absolument pas ce que je vais faire. Il n'y a pas de travail préparatoire, sauf toute cette nourriture, toutes ces lectures, toutes ces curiosités, toutes les photos que je fais, ça peut être une paire de chaussures dans un magasin, ça peut être quelqu'un, en train de boire un café, ça peut être un morceau de nuage. Donc, je suis toujours en éveil, en fait. Je suis encore une fois, comme à la chasse. Je me dis, il y a quelque chose, là, qui va être important.

A propos de son endroit préféré à Paris
J'ai une bibliothèque préférée. C'est la bibliothèque du Musée des Arts Décoratifs à Paris. Dans cette bibliothèque, une collection qui s'appelle Le fonds Maciet. Imaginez cette pièce, imaginez huit fois cette longueur, il y a des albums, tout le long. C'est une encyclopédie en papier finalement, c'est un homme qui collait des images dans des albums. Donc il y a les oiseaux, les ponts, l'architecture, les outils de torture, les cartes de visite, et les bouquins sont très lourds. Et on feuillette ça, c'est complètement, hors du temps. Maintenant on regarderait ça, clic, clic, clic, clic, tout l'album, je le vois en une seconde. C'est génial, c'est super beau.

Hélène Delprat dans son atelier parisien, 2023

Á propos de la beauté 
La beauté, on a dit mille choses là-dessus. Il y a les canons de la beauté, les règles de la beauté. Je ne suis pas dans ce registre puisque moi, ma beauté, elle, est plutôt atroce. C'est tout ce qui fait..., c'est tout ce qui grésille: toutes les oppositions, toutes les idées qui se contredisent, toutes les choses épouvantables, tout ce qui est raté, ça peut créer la beauté.

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