Notre première exposition avec Delprat aura lieu en janvier 2024 chez Hauser & Wirth Paris
Nous sommes heureux la représentation de l'artiste française Hélène Delprat, en collaboration avec la Galerie Christophe Gaillard. Depuis quatre décennies, la pratique polymorphe d’Hélène Delprat interroge la condition humaine, la vie et la mort à travers un corpus qui se décline en peinture, dessin, photographie, sculpture, vidéo, théâtre, interviews et installations. Ses créations, qui oscillent entre fiction et documentaire, humour et mélancolie, composent une constellation tentaculaire où se croisent des références à la littérature, au cinéma, à la radio, à la philosophie, aux bases de données Internet, aux récits nationaux archivés et aux canons de l’histoire de l’art.
À la manière d’une iconologue, elle distille des sources d’inspiration éclectiques pour constituer un atlas merveilleux – un monde habité à la fois par des éléments sérendipiens et délibérés, beaux et grotesques, où les notions de mémoire, d’identité, de traces et d’héritage se rencontrent et nous invite à penser la nature fabriquée du passé et la fugacité de notre présent.
Après avoir rencontré le succès dans les années 1980 et 1990 avec une peinture figurative au style primitif distinctif, Delprat se tourne vers la vidéo, le théâtre, les installations et les créations radiophoniques. À la fin des années 2000, elle revient à sa pratique picturale, nourrie désormais par un travail de recherche encyclopédique destiné à compiler des archives formidables de sources hétéroclites qu’elle conserve sur divers supports, dont son blog « Days », dans lequel elle recueille images et écrits. En puisant dans ce répertoire, les peintures récentes de l’artiste se distinguent par des images et des textes dissociés de leur contexte ; ses récits en apparence dénués de sens nous incitent à formuler nos propres associations conceptuelles et à identifier des parallèles surprenants entre ses différentes œuvres. Truffé de paradoxes, d’ambiguïtés, de traits d’humour et d’autodérision, Delprat développe un vocabulaire artistique qui lui est tout à fait propre.
À la veille de l’inauguration du premier espace d’exposition de Hauser & Wirth à Paris, Marc Payot, président de Hauser & Wirth, se réjouit d’annoncer cette collaboration avec Hélène Delprat : « L’œuvre d’Hélène échappe à toute tentative de catégorisation. Elle trouble les frontières conventionnelles entre les typologies visuelles et diversifie le travail de l’artiste, dépositaire de siècles d’histoire culturelle et de connaissances transmises dans un monde où ces dernières se volatilisent trop vite et trop facilement. Elle trouve dans ce maelström la matière d’un art qui conjugue humour et tristesse avec une délicieuse intelligence. La formidable diversité des œuvres d’Hélène interroge l’expérience humaine contemporaine. Par leur audace, ses créations côtoient celles de nombre d’autres artistes de notre programme, résolument multidisciplinaires et déjouant également les codes établis. C’est un véritable honneur d’accueillir Hélène au sein de notre galerie et il nous tarde de partager son travail avec un public de plus en plus large à travers le monde ».
La première exposition d’Hélène Delprat avec Hauser & Wirth aura lieu à Paris en janvier 2024. Par ailleurs, une œuvre inédite de l’artiste, L’apparition (2023), sera présentée sur le stand de la galerie à l’occasion de Paris+ par Art Basel 2023.
À propos de l’artiste
Hélène Delprat (née en 1957) vit et travaille à Paris, où elle a étudié à l’École nationale supérieure des beaux-arts. Entre 1982 et 1984, elle réside [GL1] comme pensionnaire à la prestigieuse Villa Médicis à Rome, et y présente [GL2] l’exposition anonyme « Jungles et Loups ».
De retour à Paris, Delprat expose à la galerie Maeght pendant dix ans à partir de 1985. Elle se fait connaître par son style de figuration qui évoque les arts totémiques et primitifs, comme le montrent certaines de ses premières œuvres, telles que Meurtre réversible (recto) (1983) ou encore La transe des guerriers loups (1983). En 1995, elle renonce à sa représentation en galerie puis se déclare « ex-peintre Français » au début des années 2000. À ce titre, elle réalise de petites gouaches sur lesquelles on peut lire : Où est la peinture ? (OELP) It must be this Way ou Encore râté, Comment ne pas peindre en peignant ?. Ces œuvres marquent le début d’un cheminement vers une recherche liée à tout ce qui ne relève pas de la peinture, sans pour autant renoncer à sa pratique.
Par la suite, Delprat se consacre à la vidéo, au théâtre, aux installations et aux créations radiophoniques. S’abreuvant de sources littéraires, filmiques et documentaires, l’artiste se tourne vers des supports non picturaux qui traduisent la pluralité des formes que peut prendre sa recherche frénétique – une diversité qui va jusqu’à son blog « Days », ses interviews fictives ou encore ses dessins radiophoniques. Des œuvres vidéo telles que Les (fausses) conférences (2011) citent un florilège de références, de l’astronaute Buzz Aldrin à l’auteur grec Lucien de Samosate, entrecoupées d’interviews réalisées par l’artiste elle-même. Moins proche du format filmique, W.O.R.K.S & D.A.Y.S (2005) est un journal visuel ou, comme le décrit Delprat, « un cahier de notes », recueillant des influences aussi diverses que les Métamorphoses d’Ovide ou les écrits de Pline l’Ancien.
Les excursions de l’artiste dans l’inconnu à travers des recherches insatiables l’amènent finalement à retrouver le chemin de la peinture à la fin des années 2000. Ses créations continuent de se nourrir de sa curiosité infinie et de son appétit pour la collecte d’informations sur le monde qui l’entoure : « Sur le plan intellectuel, je pars de tout ce que je vois », explique-t-elle, « [...]il n’y a pas de phase préparatoire, si ce n’est toute cette nourriture, toutes ces lectures, toutes ces curiosités, toutes les photos que je prends… ». Les personnages qui peuplent ses peintures récentes, entités animales ou humaines, flottent sur des fonds brumeux et multicolores, parfois mouchetés de dorures ou d’une efflorescence de motifs alambiqués. Ces figures évoluent dans des compositions oniriques évocatrices du mode d’apparition, d’évanouissement et de reconfiguration des souvenirs, animés par leur propre logique illogique.
Composant un espace dans lequel fiction et documentaire s’entremêlent, les peintures aux multiples strates de Delprat assemblent un territoire anachronique. Ses personnages et objets élusifs se dérobent au contexte et résistent à toute narration unique et organisée. Dans des œuvres telles que Cymbalum Mundi-Pamphagus (2013), Delprat représente Pamphagus, un chien mentionné dans le texte français du seizième siècle Cymbalum Mundi, sous les traits d’un caniche français contemporain bien toiletté. D’autres toiles adoptent des aspects plus ambivalents ou inquiétants, singulièrement lorsqu’elle aborde des épisodes violents de l’histoire de l’humanité. Peinture ayant été détruite par Göring en 1937 et reconstituée en 2016 (2016) convoque la tragédie et la mort sous la forme de silhouettes de soldats nazis aux côtés de visages cartoonesques flottants aux airs renfrognés ou souriants. Dans le même registre, la récente peinture La décomposition de nos ennemis (2020) évoque des scènes de guerre, un motif récurrent chez l’artiste qui métaphorise aussi l’acte de peindre comme une bataille contre le temps.
Après sa première exposition personnelle importante à la Villa Médicis en 1984, « Jungles et Loups », son œuvre a donné lieu à de nombreuses expositions individuelles, notamment à la Galerie Christophe Gaillard, Paris (2014, 2017, 2020) ; à La Maison Rouge, Paris (2017) ; au Musée des Beaux-Arts de Caen (2018) ; à la Kunsthalle Gießen, Allemagne (2020) ; au Musée Marmottan Monet, Paris (2022) ; au Museu Picasso, Barcelone (2023). En 2021, le travail de Delprat a été présenté dans le cadre de l’exposition collective « Sans titre » organisée par la collection Pinault à la Punta della Dogana de Venise, en Italie. La même année, l’artiste a été sollicitée pour réaliser la fontaine extérieure intitulée Marcello Dove Sei ???, à La Résidence – Le Tremblay, située dans la ville d’Orgères en France.
1 / 3