Matsutani

6 Avril – 18 Mai 2024

Paris

Présentant une sélection de nouvelles œuvres en réponse directe à l’espace et des pièces historiques rares, cette exposition présente l’étendue de la carrière de Takesada Matsutani et le développement de sa pratique artistique magistrale.

Takesada Matsutani, artiste originaire d’Ōsaka, installé à Paris depuis 60 ans, a développé un langage visuel singulier conjuguant un répertoire de formes et de matériaux au cours des cinq dernières décennies, qu’il continue d’étoffer, à l’âge de 87 ans, au fil d’une pratique quotidienne et dynamique de l’atelier. Organisée en collaboration avec Olivier Renaud-Clément, cette exposition dans notre galerie à Paris réunit une sélection de nouvelles créations conçues en dialogue avec l’espace, parmi lesquelles une grande installation in situ pour une fenêtre, ainsi que des œuvres anciennes, rares et inédites, réalisées par l’artiste à l’époque où il travaillait au sein du groupe Gutai.

Wave

2006 – 2022

Du début des années 1960 jusqu’aux années 1970, Matsutani travaille comme membre essentiel de l’influent collectif artistique japonais d’après-guerre, Gutai. Au sein du groupe, il expérimente avec la colle vinylique dont il manipule la substance pour obtenir des formes bulbeuses et sensuelles, évocatrices de courbes et de traits humains. Après avoir appliqué la colle sur la toile, il la laisse sécher partiellement pour former une sorte de peau qu’il gonfle ensuite de son souffle à l’aide d’une paille, ou d’un sèche-cheveux ou encore d’un ventilateur, donnant ainsi une sensation de vie à la matière.

À la suite de la dissolution du groupe Gutai en 1972, Matsutani entame une nouvelle série de travaux radicaux, toutefois cohérents, inspirés par son expérience au célèbre studio de gravure de Stanley William Hayter, Atelier 17. Dans le respect de son héritage Gutai, il s’efforce d’identifier et de traduire l’essence de la colle vinylique à l’aide de graphite, qui deviendront ses matériaux de prédilection. L’artiste commence à créer des œuvres composées de vastes étendues de graphite noir métallique sur des feuilles de papier aux dimensions murales, constituées de traits individuels minutieux, dont la méthode ritualisée constitue un enregistrement temporel de ses gestes.

L’exposition présente une œuvre de la série Wave datant de la fin des années 1990, dans laquelle l’application de plusieurs couches de graphite permet à l’artiste d’expérimenter les possibilités d’expression et l’essence du matériau. Matsutani continue d’utiliser cette technique dans sa pratique quotidienne en atelier, comme en témoignent les nouvelles créations exposées, notamment Knoll (2023) et Purple 8-4-2023 (2023), qui se distinguent de sa palette habituelle de couleurs monochromatiques par la présence de verts et de violets profonds et sombres.

Matsutani propose une installation in situ conçue pour les fenêtres du rez-de-chaussée de la galerie, dans laquelle la toile fabriquée en grand format interagit délicatement avec la lumière qui pénètre à l’intérieur du lieu. Au fil de ses installations, il est resté fidèle à son passé, revisitant les traditions de son pays tout en adoptant une approche radicale pour rompre avec les conventions artistiques.

« L’idée était de travailler en trois dimensions, sur la toile. Une sorte de forme organique ».—Takesada Matsutani

Deux œuvres rarement exposées réalisées par Matsutani en 1965, Work 65-W et Work 65-D, illustrent ces premières expérimentations : les formes tactiles sur la surface picturale rappellent des ballons dégonflés, ainsi que des connotations corporelles. Plexiglas Box (1966) poursuit cette technique, non pas sur la toile comme on pourrait s’y attendre, mais véritablement en trois dimensions, un cas unique parmi ses recherches en matière d’objet et de sculpture. Ici, l’artiste a placé une forme bulbeuse sur cinq faces intérieures d’un cube transparent, de sorte que les morceaux de la colle fragile et boursouflée se compriment et viennent se rencontrer au centre. Confinées dans le plexiglas, les protubérances rondes et épidermiques de Matsutani, jouent sur les oppositions – dur et mou, transparent et opaque, organique et géométrique.

La tactilité de la colle vinylique ne cesse d’inspirer Matsutani, bien qu’aujourd’hui, sa méthode mette davantage l’accent sur la méditation et le processus. Éprouvant une grande affinité avec la philosophie zen, l’artiste cherche à arrêter le temps, à matérialiser un moment suspendu et à apprécier la répétition et la fluidité du quotidien à travers sa pratique aux multiples facettes. Ces notions sont matérialisées dans l’œuvre récente Suspend (2023), où l’on retrouve l’une de ses formes de bulles de vinyle amorphes distinctives, pendue à un cordon fixé sur la toile et maintenue par un mécanisme fait de bois. Associant ce processus d’introspection continue à une pratique intrépide de l’expérimentation, Matsutani transgresse l’idée même de la peinture.

Takesada Matsutani à Paris

Dans « Life to Matter » — article de couverture du numéro 9 d'Ursula — Takesada Matsutani et Kate Van Houten souviennent de leurs débuts en tant qu'artistes à Paris avec Désirée Moorhead-Hayter, Olivier Renaud-Clément et Anders Bergstrom.

Prix Matsutani

Le Prix Matsutani, une initiative du fonds de dotation de la Fondation Shōen, a été lancé en 2016 par les artistes Takesada Matsutani et Kate Van Houten, avec pour vocation de soutenir les artistes et leurs œuvres. Samta Benyahia, lauréate du Prix Matsutani 2023, a reçu 15 000 €, aux côtés de Claudie Titty Dimbeng qui a été récompensée par le Prix d’Achat, soit un prix d’acquisition supplémentaire de 5 000 €. Leurs œuvres seront exposées à l’Institut national d’histoire de l’Art (INHA) avec celles d’autres artistes finalistes, sélectionnées par Alicia Knock, conservatrice, cheffe du service de la création contemporaine et prospective au Centre Pompidou, du 7 mars au 18 mai 2024.

Image: Kate Van Houten et Matsutani dans son studio à Paris en juillet 2023. Photo : Laura Stevens

À Paris

La galerie est ouverte du mardi au samedi, de 10 h à 6 h. Visitez notre page pour préparer votre visite.

À propos de l’artiste

Takesada Matsutani

From the early 1960s until the 1970s Matsutani was a key member of the ‘second generation’ of the influential post war Japanese art collective, the Gutai Art Association. Over five decades Matsutani has developed a unique visual language of form and materials. As part of the Gutai group, Matsutani experimented with vinyl glue, using fans and his own breath to manipulate the substance, creating bulbous and sensuous forms reminiscent of human curves and features.

In 1966, Matsutani received a grant from the French government after winning first prize in the 1st Mainichi Art Competition and subsequently moved to Paris where he began working at Stanley William Hayter's renowned printmaking studio, Atelier 17. During the four years he worked at the studio, he learnt French, married and established his base in Paris. Working alongside Hayter opened Matsutani up to a new form of artistic experimentation and offered him a newfound confidence. Matsutani began to rethink his practice and a new elemental aesthetic language began to emerge that was both controlled and organic.

After the Gutai group disbanded in 1972, Matsutani eased into a radical yet consistent new body of work, informed by his experience at Atelier 17. Faithful to his Gutai roots, he strove to identify and convey the essential character of vinyl glue with graphite, that were to become his signature materials. Matsutani began creating vast expanses of metallic black graphite on mural-size sheets of paper built up with painstaking individual strokes. This ritualized manner presents a time-based record of his gestures, while reminiscent of his artistic beginnings in Japan, it has been translated into an artistic language that is uniquely his own.

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