Hélène Delprat

MONSTER SOUP

20 janvier – 16 mars 2024

Paris

‘J’aime les choses rugueuses, discordantes, un peu monstrueuses ou extravagantes.’

—Hélène Delprat

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La première exposition d’Hélène Delprat chez Hauser & Wirth suite à l’annonce de la représentation de l’artiste en collaboration avec la galerie Christophe Gaillard, est maintenant à découvrir à Paris. Organisée avec Olivier Renaud-Clément, Delprat présente une sélection de nouvelles peintures, accompagnées de sculptures, vidéos et installations sur les deux étages de la galerie parisienne. Depuis quatre décennies, la pratique polymorphe de Delprat interroge la condition humaine, la vie et la mort au fil d’un corpus d’œuvres réalisées à travers des médiums multiples. Après avoir rencontré le succès avec une peinture au style primitif particulier entre les années 1985 et 1995, à son retour de la Villa Médicis l’artiste se tourne vers la vidéo, le théâtre, l’installation, les interviews et les créations radiophoniques, tout en continuant à peindre.

Dans les années 2000, sa pratique picturale, nourrie désormais d’une logique encyclopédique, compile des archives de sources hétéroclites. Les œuvres de Delprat forment une constellation tentaculaire de références à la littérature, au cinéma, à la radio, à la philosophie, aux bases de données Internet, aux récits archivés et à l’histoire de l’art. Le titre de l’exposition, « MONSTER SOUP », reflète cette approche multidimensionnelle, faisant référence à une variété de sources populaires et culturelles. L’affiche de l’exposition conçue par l’artiste traduit également ce syncrétisme : l’image reprise d’une gravure anglaise des années 1820, montrant une femme horrifiée par le contenu monstrueux d’une goutte d’eau de la Tamise agrandie à la loupe, coexiste avec des personnages issus des tableaux de Delprat.

À la manière d’une iconologue, Delprat distille des sources d’inspiration éclectiques et constitue un atlas inquiétant – un monde habité à la fois d’éléments fortuits et délibérés, beaux et grotesques, où les notions de mémoire, d’identité, de trace et d’héritage se rencontrent et nous invitent à réfléchir sur la nature fabriquée du passé et le caractère éphémère du présent. « Intellectuellement, je pars de tout ce que je vois », explique-t-elle, « [...] Il n’y a pas vraiment de travail préparatoire, sauf toutes ces lectures, toutes ces curiosités, ces journaux que je feuillète et ces informations que j’écoute, toutes les photos que je fais ou que je découpe. La préparation c’est juste ce que je vis. »

Certaines œuvres de Delprat présentées dans l’exposition, en particulier ses peintures, peuvent être rattachées au concept de ‘serio ludere’, un terme qui remonte à la Renaissance et signifie « jouer sérieusement », dans lequel l’imagerie tragique et les allusions à la mort sont travaillées avec un certain sens du comique et de l’absurde. L’œuvre de Delprat est truffée d’allusions à la culture de la Renaissance, une période particulièrement gourmande en connaissances encyclopédiques et en curiosités, en paradoxes et en bizarreries, en capriccio et en burlesque, en satire et en comédie.

C’est précisément cette posture qui transparaît dans son travail, où la comédie côtoie une multitude de références artistiques, littéraires et philosophiques, contrebalançant une symbolique sombre et funeste. Des surfaces texturées abstraites peuplées d’images partiellement cachées et de formes fantasmagoriques - goules, fleurs anthropomorphes, ou papillons de nuit - coexistent ainsi dans des toiles telles que ‘Peinture – catastrophe’ (2023), composée de pigments, liant acrylique et paillettes sur toile, technique fréquemment utilisée par Delprat.

Composant un espace où fiction et documentaire s’entremêlent, les peintures aux multiples strates de Delprat révèlent un territoire anachronique. Ses personnages et objets insaisissables échappent au contexte et résistent à toute narration unique et organisée. L’artiste utilise et satirise souvent les représentations et images de la guerre dans ses peintures, notamment dans ‘Il n’y a plus rien à faire’ (2023) où des portraits de soldats nazis et des bottes militaires en lévitation, inspirés des dessins du caricaturiste et illustrateur français Jean Sennep, coexistent avec des visages déformés de cartoons de propagande. Le motif du drapeau, récurrent dans l’œuvre de Delprat, apparaît également comme une allusion à la guerre et une métaphore de l’acte de peindre comme une bataille. On le retrouve flottant dans ses peintures, tenu par ses personnages étrangement inquiétants, ou encore dominant l’espace d’exposition sous ses 4 mètres de haut en acier et verre soufflé.

Une série de tapis réalisés par l’artiste et installés au premier étage, habillés de motifs graphiques rappelant les protections ornementales apposées sur les vitrines des magasins parisiens pour les protéger des bombardements pendant la Première Guerre mondiale, invoquent à leur tour le spectre de la guerre. Une imagerie similaire évoquant la tragédie et la mort est visible dans ‘Judas’ (2023), une peinture sur papier marouflé sur toile, qui représente une silhouette suspendue au nœud coulant d’un pendu, les entrailles béantes, en compagnie d’une créature ailée menaçante, inspirée de l’oeuvre de Giovanni Canavesio à la Chapelle Notre Dame des Fontaines.

Les personnages qui peuplent ses travaux récents, entités animales ou humaines, flottent sur des fonds brumeux et multicolores, parfois mouchetés d’or, traversés de coulures ou d’une efflorescence de motifs alambiqués ou géométriques. Ces figures évoluent au sein de compositions oniriques qui évoquent la façon dont les souvenirs apparaissent, s’estompent et ressurgissent, mus par leur propre logique illogique. Puisant dans ses archives, « comme à la chasse » selon les termes de l’artiste, ses peintures se distinguent par des images et des textes dissociés de leur contexte ; des récits en apparence dénués de sens nous incitent à formuler nos propres associations conceptuelles et identifier des parallèles surprenants d’une œuvre à l’autre. Ce chemin parsemé de paradoxes, d’ambiguïtés, de traits d’humour et d’autodérision est propre au vocabulaire artistique de l’artiste.

Ses créations se nourrissent continuellement de sa curiosité infinie et de son appétit pour la collecte d’informations des mondes d’hier et d’aujourd’hui. Cette démarche transparaît également dans des œuvres filmiques telles que ‘STRICTLY PERSONNAL’ (2023) ou ‘HAMMER SONG’ (2007), où l’artiste recrée des scènes et des images de films produits par Universal ou Hammer Productions. Bricolé dans son atelier, le film est un hommage amusé aux films de série Z, reprenant des tropes cinématographiques tels que les éclairs, les soucoupes volantes, les tempêtes, les cris, les monstres et les araignées géantes. Comme le dit l’artiste, « J’aime les choses rugueuses, grinçantes, un peu monstrueuses ou extravagantes. »

À Paris

La galerie est ouverte du mardi au samedi, de 10 h à 6 h. Visitez notre page pour préparer votre visite.

À propos de l’artiste

Hélène Delprat

Depuis quatre décennies, la pratique polymorphe de Delprat interroge la condition humaine, la vie et la mort au fil d’un corpus d’œuvres réalisées à travers des médiums multiples. Après avoir rencontré le succès à son retour de la Villa Médicis entre les années 1985 et 1995 avec une peinture au style primitif particulier, l’artiste se tourne vers la vidéo, le théâtre, l’installation, les interviews et les créations radiophoniques, tout en continuant à peindre. Dans les années 2000, sa pratique picturale, nourrie désormais d’une logique encyclopédique, compile des archives de sources hétéroclites. Les œuvres de Delprat forment une constellation tentaculaire de références à la littérature, au cinéma, à la radio, à la philosophie, aux bases de données Internet, aux récits archivés et à l’histoire de l’art.

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