Henry Taylor

FROM SUGAR TO SHIT

14 octobre 2023 – 7 janvier 2024

Paris

La galerie Hauser & Wirth Paris consacre son exposition inaugurale à de nouvelles œuvres d’Henry Taylor. L’artiste, qui vit à Los Angeles, a déjà remporté un succès critique considérable. Comprenant plus d’une trentaine d’œuvres, l’exposition à la galerie Hauser & Wirth Paris, la première d’envergure en France, accompagne la rétrospective majeure qui aura lieu au Whitney Museum of American Art à New York.

Explorez l’exposition

Au cours de ses quelque quarante ans de carrière, Henry Taylor n’a cessé d’adopter et de rejeter les fondements traditionnels de la peinture, ainsi que les catégorisations qui s’y rattachent. Combinant la figuration, le paysage et l’histoire dans ses peintures en même temps que le dessin, l’installation et la sculpture, Henry Taylor a constamment inscrit son travail très personnel dans une étroite proximité avec les personnes et les communautés qui l’entourent. Celles-ci se manifestent dans son travail en s’entrecroisant avec de bouleversantes références à l’histoire ou à la culture populaire. Son sens aigu de la connexion humaine permet à Henry Taylor de nous amener, dans cette exposition, à suivre les multiples facettes de récits produits en peinture et en sculpture.

Pour préparer l’exposition, Henry Taylor a établi sa pratique d’atelier californienne à Paris, où il s’est installé en résidence durant les mois de juin et juillet 2023. Durant cette période, l’artiste s’est imprégné du vaste patrimoine muséal et des collections visibles dans la capitale — notamment celles du Musée d’Orsay— pour s’entourer des œuvres des impressionnistes, des fauves et de l’expressionnisme, avec lesquelles il se sent, depuis son plus jeune âge, en affinité. La connaissance approfondie qu’a Henry Taylor des figures canoniques de l’histoire de l’art, et de ses contemporains, s’inscrit d’ailleurs en permanence dans son travail. L’artiste a déjà explicitement cité des œuvres de Pablo Picasso, Marcel Duchamp, Philip Guston, Phillida Barlow, Gerhard Richter, David Hammons ou Glenn Ligon, entre autres.

La sculpture joue un rôle important dans cette exposition comme dans la pratique d’Henry Taylor. Les opérations énergiques de son processus de travail impliquent d’assembler, d’empiler, d’accoler une vaste gamme d’objets qu’il a glanés, des bouchons de bouteilles aux rouleaux de papier-toilette, enregistrant et retraçant ainsi plus généralement son activité quotidienne et les matériaux qui la composent. Qualifiant ce procédé hautement intuitif par l’expression de « chasser et rassembler », l’artiste peut ainsi à la fois opérer le mélange de différentes références, historiques comme contemporaines, et en donner une image nette.

Par exemple, dans l’exposition parisienne, ces assemblages de bouteilles de lait, roues de bicyclettes et battes de baseball : ces objets « chassés » et agencés par l’artiste réemploient les formes et la symbolique de l’objet trouvé, à la fois un hommage et une critique d’une histoire longue de la sculpture empruntant au readymade Duchampien. Ainsi, lorsqu’elles sont installées en compagnie des peintures décrivant différentes figures dans l’histoire, ces sculptures révèlent encore mieux la curiosité vorace de l’artiste à épuiser la source de ses sujets et matériaux, comme elles font preuve d’un savoir encyclopédique. Ajoutons qu’on verra aussi dans l’exposition une œuvre monumentale intitulée ‘One Tree per Family’ (un arbre par famille), de 2023 : un tronc d’arbre de plus de 4 mètres de haut, arborant une coupe afro en guise de feuillage.

Le travail d’Henry Taylor met d’abord l’accent sur la relation humaine et ce qu’elle fait à nos vies. Même si ses peintures accueillent le plus souvent des personnages représentés, l’artiste refuse de se laisser appeler un « portraitiste ». Cette étiquette selon lui ne respecte pas les complexités de l’histoire des individus figurés, qui viennent, dans cette exposition, de tous milieux sociaux et de tous contextes historiques. Les peintures figurent souvent des membres de la famille de l’artiste, comme on le voit dans ‘I got brothers ALL OVA the world but they forget we’re related’ (2023), représentant côte à côte les frères d’Henry Taylor, peints sur un fond orné du contour des lettres formant le mot « VICTORY »- tracé à la manière d’une marque de chewing-gums courante aux Etats-Unis. Henry Taylor est célèbre pour ses jeux textuels et visuels entraînant un glissement de sens d’un registre à l’autre : ici, l’allusion au graphisme du chewing-gum cligne de l’œil vers la jeunesse des personnes figurées, tout en évoquant le rite de passage que représente la cérémonie de remise de diplôme.

Parmi d’autres œuvres réalisées alors que l’artiste résidait à Paris, figure un tableau qui commémore Joséphine Baker, la danseuse, chanteuse, actrice et militante des droits civiques, Française d’origine américaine, à genoux avec derrière elle Le Louvre et le British Museum. On y découvre également un tableau mélancolique de l’artiste se représentant lui-même le jour de son anniversaire dans son studio à Paris, avec un tableau de sa fille derrière lui où est écrit en argot tahitien ‘no atout’.

Qu’Henry Taylor choisisse ses modèles de mémoire, dans des documents d’archives, ou parmi des personnes posant devant lui, dépend amplement de la connexion empathique qu’il ressent. Ses dépictions somptueuses, peint d’une manière fluide, captent la variabilité et les humeurs de ses sujets en usant de gestes et d’aplats de couleurs acryliques saturées, compensées par des zones prodigues en détails intriqués. Le travail du pinceau traduit l’intensité employée dans ces représentations : il s’agit d’un réseau de touches mouvementées, qui tentent de saisir un sentiment avant que celui-ci se dissipe. Figurant des membres de la communauté noire comme des objets symboliques de leurs luttes historiques, les œuvres d’Henry Taylor veulent embrasser tout le champ de la condition humaine : chacune d’entre elles propose une biographie visuelle et un mémorial à l’histoire d’une personne ou d’un peuple.

Henry Taylor: B Side

Réunissant à la fois des peintures, des sculptures et des œuvres sur papier, la rétrospective majeure ‘Henry Taylor: B Side’ a lieu au Whitney Museum of American Art jusqu’au 7 janvier 2024.

Image: Henry Taylor, i’m yours (détail) © Henry Taylor. Photo: Sam Kahn

À Paris

Pendant la semaine de Paris+ par Art Basel, la galerie est ouverte du lundi au dimanche, de 9h à 18h. Visitez notre page pour préparer votre visite.

À propos de l’artiste

Henry Taylor

Henry Taylor vit et travaille à Los Angeles (Californie). Son oeuvre a récemment été présentée aux États-Unis dans le cadre des expositions collectives ‘I’m yours: Encounters with Art in Our Times’ à l’Institut d’art contemporain (ICA) de Boston et ‘Grief and Grievance: Art and Mourning in America’ au New Museum de New York. En 2022, une rétrospective intitulée ‘Henry Taylor: B Side’, sa plus importante exposition à ce jour, a été présentée au Musée d’art contemporain de Los Angeles et ira au Whitney Museum of American Art de New York du 4 octobre 2023 au 28 janvier 2024. Outre les Etats-Unis, ses oeuvres ont fait l’objet de nombreuses expositions internationales.

Elles ont rejoint d’importantes collections comme celles de la Bourse de Commerce – Pinault Collection, à Paris (France), The Bronx Museum of the Arts (New York), le Carnegie Museum of Art de Pittsburgh, la Fondation Louis Vuitton à Paris (France), le Hammer Museum de Los Angeles (Californie), l’Institut d’art contemporain de Boston (Massachussetts), le Los Angeles County Museum of Art, Le Metropolitan Museum of Art de New York, le Musée d’art contemporain de Los Angeles, le Musée des beaux-arts de Houston (Texas), le Musée d’art moderne de New York, le Nasher Museum of Art de la Duke University de Durham (Caroline du Nord), le Pérez Art Museum de Miami (Floride), le Musée d’art moderne de San Francisco (Californie), le Studio Museum de Harlem (New York), et le Whitney Museum of American Art de New York. En 2018, Henry Taylor a reçu le prix Robert De Niro, Sr. pour ses réalisations picturales. Le travail d’Henry Taylor a été présenté à la Whitney Biennial 2017 (Whitney Museum of American Art, New York) et à la 58ème Biennale de Venise en 2019.

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